Quai d'Orsay - (T1)
Le jeune Arthur Vlaminck est embauché en tant que chargé du "langage" par le ministre des Affaires étrangères Alexandre Taillard de Worms. En clair, il doit écrire les discours du ministre ! Mais encore faut-il se faire une place entre le directeur du cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d'Orsay où le stress, l'ambition et les coups fourrés ne sont pas rares... [synopsis éditeur]
En général, je ne suis pas attiré par les bandes dessinées qui traitent de politique. Mais le gros apriori que j'avais au départ de cette lecture à carrément explosé au fur et à mesure que j'avançais dans cet album. Pour moi il y avait rien, à première vue, qui puissent me faire rire voire même sourire dans cette BD, et si la politique m'apparaît souvent comme risible, mais c'est rarement désopilant ^^.
Mais là j'avoue qu' Abel Lanzac et Christophe Blain (Gus, Isaac le pirate) s'en sont sortis admirablement. Faut dire aussi que l'expérience politique d'Abel Lanzac est conséquente, puisqu'il fût membre de plusieurs cabinets ministériels. Le monsieur sait donc de quoi il parle, et il en parle avec beaucoup de dérision.
Le monde politique est un univers sans pitié, qui au premier abord semble ne tolérer aucune erreur (et pourtant ! ^^). Et s'il y a bien un point sur lequel il faut être vigilant, c'est bien la communication. C'est pour cela que le personnage central de cette histoire, Arthur Vlaminck (alias Abel Lanzac), à été recruté.
Le problème est que le ministre Alexandre Taillard de Worms (alias Dominique De Villepin-la ressemblance est frappante) pour qui il travaille est un exalté de la première heure, passionné par l'oeuvre d'Héraclite et du prix Nobel de littérature, plus que par les problèmes diplomatiques. Un ministre perpétuellement en mouvement, surexcité, hyperactif, versatile, distribuant le travail à la volée entre deux claquages de portes. Un personnage haut en couleur, brillant, frôlant aussi, parfois, le ridicule (surtout avec ses Stabilo ^^).
Ce qui rend les choses complexes pour Arthur c'est que les conseillers ministériels sont rarement d'accord avec le truculent Alexandre Taillard de Worms et pour ne rien faciliter ce dernier consulte ses amis (philosophes, écrivains, etc...) lorsqu'une crise montre le bout de son nez.
Vous vous en doutez, chacun tente d'influencer le ministre, avec plus ou moins de réussite. Au final, toute cette équipe évolue dans un monde de contradictions.
Un album vraiment très bon, amusant, rythmé, tout pour faire de ce quai d'Orsay une lecture indispensable.
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Quai d'Orsay
1.Chroniques diplomatiques
Scénario: Abel Lanzac
Dessin: Chistophe Blain
Editeur: Dargaud/2010
Planches: 96
Lors d'une interview pour les Inrocks, Christophe Blain déclarait:
"En substance, tout est vrai (rires). Comme Abel ne pouvait évidemment pas dévoiler des secrets d’Etat, on a trouvé des choses équivalentes ou concentré des faits. Mais même quand c’est loufoque, même quand ça a l’air absurde ou énorme, cela reste très proche de la réalité.”
“On a travaillé le côté épique, théâtral de Quai d’Orsay. On ne voit que très peu d’extérieurs. Les envolées lyriques et métaphoriques deviennent des moments de respiration sur lesquels on s’est beaucoup amusés.”
“Notre but n’a jamais été d’écrire un pamphlet. Nous voulions montrer les choses de manière acide mais naturelle, avec le plus de lucidité possible. Inutile d’en rajouter, c’était suffisamment fort. On m’a proposé de faire des interviews croisées avec Dominique de Villepin mais je préfère éviter, ça briserait le charme.”
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